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Cycle TransFORMER avec Isabelle Autissier et Catherine Chabaud

Retour sur un échange passionnant autour de la durabilité des océans

Visuel de l'évènement

Le 9 mars, Isabelle Autissier, Présidente d'honneur WWF France, romancière et navigatrice Catherine Chabaud, Députée européenne navigatrice étaient les invités de la 7e édition de notre cycle de débats/rencontres TransFORMER, un cycle dédié aux transitions et préparé par nos étudiants avec l'appui d'enseignants.

Retour sur 3h d’échanges passionnants avec deux femmes engagées, deux grandes navigatrices, deux figures de l’engagement au féminin : politique, associatif.

Un débat sans tabou qui a permis de parler d’engagement dans son sens le plus large : dans la course au large, dans notre responsabilité individuelle et collective face au changement climatique et à l’effondrement de la biodiversité, des espoirs à avoir, des actions à mener…

Une rencontre qui a fait résonner toute notre école dans ses missions de formation des ingénieurs de la transition écologique au moment où un accord sur la protection de la haute mer a été obtenu à l’ONU le 5 mars dernier.

Après une introduction faite par les étudiants des parcours professionnels de nos deux invités, le débat a permis au public de s’interroger sur plusieurs grandes questions : impact et témoignage de la navigation au large, parlement européen et milieu associatif, quel avenir pour la mer.

Deux grandes navigatrices : l’expérience de la navigation au grand large et son impact sur l’environnement

Isabelle Autissier et Catherine Chabaud ont chacune parlé de leur relation avec la mer et leurs expériences de la navigation au large. Elles sont revenues sur leur « naissance » à cette relation, comment ce rapport très fort à la mer s’est installé grâce notamment à un environnement familial favorable et elles ont évoqué à la demande des étudiants des expériences maritimes en lien avec la biodiversité. Etonnement, leur choix s’est porté sur le même oiseau très symbolique : l’albatros. « Pendant 10-20 jours, lors de ma 1re traversée, j’ai vu des albatros hurleurs avec leurs taches noires reconnaissables. J’ai eu le sentiment qu’ils me suivaient, m’accompagnait, et j’en ai même nommé un Bernard, en référence à Bernard Moitessier, que j'ai revu pendant 10-20 jours. » a partagé Catherine Chabaud.
Isabelle Autissier a évoqué le souvenir de sa 1re traversée des 40e rugissants avec, pour elle aussi, la vision des albatros profitant des vents de la houle.

Isabelle Autissier et Catherine Chabaud avec les étudiants

En tant que navigatrices au large, elles ont aussi partagé leur vision de l’état de la mer et de l’impact du réchauffement climatique. Catherine Chabaud a évoqué les sargasses, ces grandes algues qui prolifèrent au large « Sur la route du rhum, j’ai vu l’océan lacéré de sargasses. On perçoit mal le réchauffement de l’océan en profondeur mais je pouvais voir des petites cyclogenèses (ensemble des processus qui déterminent un cyclone), pas totalement évidentes, mais présentes. »

Isabelle Autissier a évoqué pour sa part la fonte des glaces au Groenland, où elle navigue depuis plusieurs années, plusieurs mois par an « Les glaciers fondent et on les voit quand on navigue dans le Groenland, paradoxalement on voit donc beaucoup plus de glaces. Tandis que les vents emmènent les émanations des polluants sur la surface de la glace. On voit apparaître une glace noire par grands pans et qui, par réverbération accentue encore le réchauffement et la fonte. »

La course au large en accord peut-elle être compatible avec la préservation de l’environnement ?

Le paradoxe de la course au large qui utilise des navires, faits de carbone et de plastique, qui ne sont absolument pas recyclables en fin de vie a été souligné par chacune d’elles. Même si beaucoup de marins s’engagent pour changer la donne, les choses restent difficiles à faire évoluer. Catherine Chabaud a parlé de sa volonté de faire construire un bateau de course durable : « Quand j’ai voulu créer un bateau de course durable on m’a traitée de « dangereuse ». L’innovation apparaît d’abord comme stupide, puis dangereuse, puis évidente. J’étais un peu en avance, mais je crois que tous les acteurs veulent travailler ensemble et que la course au large doit permettre de se dépasser et de contribuer à la décarbonation des transports maritimes. »

Comparaison de deux engagements politiques et associatifs : avoir une meilleure gouvernance de la mer

Après avoir évoqué leurs engagements associatifs respectifs, WWF pour Isabelle Autissier et Mécénat Chirurgie cardiaque pour Catherine Chabaud, le débat a porté sur leurs leviers d’actions en tant que femmes publiques et femme politique pour Catherine Chabaud. Cette dernière a partagé sa vision de l’Océan comme bien commun et ses efforts pour faire progresser cette notion au sein du parlement européen « Aujourd’hui, je poursuis mon engagement pour faire monter le niveau de la mer dans les discussions institutionnelles au Parlement européen. L’échelon européen est le bon niveau pour faire avancer les questions de protection et gestion de la mer. Il s’agit en effet d’enjeux européens et internationaux, qui appellent donc une gouvernance européenne et internationale de l’océan.  Nous devons avoir une meilleure gouvernance de la mer. Toutes mes expériences m’ont poussée à questionner ma responsabilité individuelle et notre responsabilité collective face à la pollution de l’océan et à toutes les pressions qu’il subit. Je suis convaincue qu’une prise de conscience de l’importance de l’océan, qui recouvre plus de 71% de la superficie du globe et agit comme un régulateur climatique, et de l’impact de nos actions quotidiennes sur le milieu marin est nécessaire. Les actions, les solutions commencent en effet sur terre. »

Comment mobiliser les acteurs de la mer pour une meilleure protection des océans ?

En fin de rencontre, Catherine Chabaud et Isabelle Autissier ont partagé leurs préoccupations en ce qui concerne l’avenir de la mer à travers des sujets d’actualités comme : la protection des zones maritimes, la déchalutisation, la protection des fonds marins, la durabilité.

Elles ont questionné les décisions politiques, le rôle de la France dans les définitions internationales, et ont noté le succès récent remporté au Parlement européen où 193 nations se sont mises d’accord pour protéger la haute mer. « Même si beaucoup reste encore à faire, la prise de conscience que l’océan n’est ni un danger, ni un terrain de jeux mais bien « l’avenir de la terre » est en bonne voie. » a déclaré Catherine Chabaud.

« La vie, c’est plein de vies »

À la demande des étudiants, Isabelle Autissier les a encouragés à « Allez naviguez, plongez, vous émerveiller. Apprenez à reconnaître les essences de poissons ou d’arbres, faites des expériences sensibles. L’intelligence créative est ce qui résoudra nos problèmes. Et, en plus en faisant tout ça vous vous ferez plaisir, ce qui est par les temps qui court, est fondamental. » Catherine Chabaud a parlé du projet de Muraille verte, lancé il y a 10 ans en Afrique et a donné rendez-vous en 2025 à la prochaine conférence sur les Océans qui se tiendra en France. Elle a conclu cette rencontre par un appel à nos étudiants ingénieurs « Aller voir ce qui se passe au niveau local et aussi global, européen. Regarder les choses à différents échelons. La vie c’est plein de vies. »

Un café égali'thé pour conclure la rencontre avec nos étudiants

Isabelle Autissier et Catherine Chabaud ont ensuite participé à une rencontre préparée par les étudiantes du club SHEEH pour l’égalité des genres. Un moment fort qui a permis ensuite de mettre en lumière la nécessité d’équilibre vier personnelle et vie professionnelle.

Isabelle Autissier et Catherine Chabaud avec les étudiants

Publié le : 10/03/2023