Le chou Crème Chantilly 'Joseph Coterel'
Retour sur la découverte de Sébastien Guillet, en charge du patrimoine végétal du campus d'Angers
Un chou repéré dans le jardin d'un proche par un œil avisé
C’est en automne 2006, lors d’une visite amicale chez son deuxième grand-père, Joseph Coterel, que Sébastien Guillet, jardinier botaniste "fou de plantes" et responsable de la valorisation et du développement du patrimoine végétal sur le campus d'Angers de l'école repère ce fameux chou unique au milieu du rang de choux verts. Il faisait plus d’un mètre de haut et se détachait largement des autres avec son feuillage ondulé, marginé de blanc.
Les choux de Joseph Coterel étaient issus de ses propres semis mais, cette année-là, une mutation spontanée apparaît et, malgré sa différence, le plant n'est conservé que par chance.
"Je suis passé en fin de saison, au bon moment car il m’a confié vouloir le jeter sur le tas de compost et on n’aurait jamais eu connaissance de cette merveille végétale…Tout de suite, son allure m'a séduit et il fallait absolument que je possède cette plante pour les collections de l’école.", se souvient Sébastien.
Le bouturage, le secret de la conservation d'une plante aux multiples atouts
Après avoir eu l'autorisation de prélever quelques boutures qui ont bien raciné dans les serres de l'école, quelques exemplaires du chou "Joseph Coterel" sont présentés dans les massifs saisonniers de l’école en compagnie de plantes annuelles et vivaces dès 2007 et intégré dans le fleurissement saisonnier dès 2008.
"C’est une plante structurante, autant en saison estivale qu’hivernale car elle résiste bien au froid (-13°C, voire moins). Sa silhouette épanouie est très “exotique” pour un chou et sa panachure sur le bord du limbe ondulé apporte de la luminosité. Au printemps, la floraison blanc crème s’harmonise avec le feuillage. Un tuteurage est indispensable car ce chou peut monter jusqu’à deux mètres cinquante et sa croissance est rapide. Et en plus d’être beau, il est comestible ! Pour le reproduire, j’ai laissé monter un pied à graines et récolté ses semences. La descendance n’est malheureusement pas viable, les plantes sont à 100% albinos et leur survie très courte. Seul le bouturage permet d’assurer la conservation du caractère panaché." ajoute Sébastien.
Une présentation à un public spécialisé
En 2009, le chou est utilisé dans un jardin créé par les étudiants de l'école pour le Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire. Ce festival qui s'étend de mai à octobre et qui accueille près de 300 000 personnes s'avère être l'occasion idéale pour faire connaitre cette plante auprès d'un public spécialisé. Celui-ci est d'ailleurs conquis et un grand nombre de visiteurs souhaitent pouvoir se procurer ce chou.
Un dépôt de brevet et un nom de baptême en hommage au propriétaire initial
Devant cet engouement, l'école soutient Sébastien Guillet dans les démarches de dépôt de brevet ainsi que pour le financement du COV (Certificat d’Obtention Végétale). Le chou sera également étudié au GEVES de Brion (Maine-et-Loire).
Avec Mr Bureau du GAEC Hortiflor de Savennières, Sébastien Guillet décide en 2010 de présenter le chou à Courson et de préparer un baptême pour la promotion de cette plante inédite.
Le chou s’appelle désormais Crème Chantilly (nom commercial), mais son nom de variété reste ‘Joseph Coterel’, en reconnaissance à son propriétaire initial.
Une vraie reconnaissance
En 2011, la plante est distinguée au cours de l’édition dédiée à L’Exubérance au Jardin et obtient une belle distinction, accordée par un jury international composé de spécialistes : un “MÉRITE de Courson”. "Ça a été pour moi un aboutissement, beaucoup d’émotion et de fierté, d’avoir présenté la plante de "Pépé Coterel" dans le cadre prestigieux des Journées des Plantes de Courson." avoue Sébastien.
Un chou désormais célèbre
Présenté depuis lors, de nombreuses fois au Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire, à Terra Botanica à Angers, à Nantes lors de "La folie des plantes", le chou 'Crème Chantilly' est désormais célèbre et intégré dans les palettes végétales de bien des collectivités en France, mais aussi à l’étranger. Il bien sûr visible dans les jardins de l'arboretum du campus d'Angers…
Et Sébastien de conclure : "Maintenant si vous croisez ce chou, sachez que j’en suis le "gardien conservateur" mais que c’est "Pépé Coterel qui fut le propriétaire initial…. Il est décédé en 2011 à l'âge de 88 ans mais grâce à cette découverte son nom restera dans l'histoire et, c'est pour moi une grande satisfaction."