Digestats et couverts hivernaux : des leviers complémentaires pour des sols vivants et fertiles
Thématique : Transitions des systèmes agricoles : produire autrement
Mobiliser les leviers agronomiques pour une gestion durable des agrosystèmes
Année de parution : 2024
Contact(s) : Anne Jaffrezic
anne.jaffrezic@institut-agro.fr
L’utilisation de digestats issus de la méthanisation du lisier et l’implantation de cultures hivernales constituent deux leviers complémentaires pour mieux recycler le carbone et l’azote dans les sols.
Comparé au lisier brut, le digestat contient une matière organique plus stable et des composés appelés biostimulants, qui peuvent encourager les plantes à libérer davantage de substances par leurs racines.
Une étude a cherché à mesurer l’effet de l’apport de digestat sur le transport du carbone organique dissous (COD) depuis la surface du sol vers les couches plus profondes. Pendant 9 ans, des analyses ont été menées grâce à un dispositif expérimental du SOERE PRO EFELE (Système d’Observation et d’Expérimentation, sur le long terme, pour la Recherche en Environnement sur les Produits Résiduaires Organiques), sur deux types de cultures d’hiver : le blé et une culture intermédiaire piège à nitrates (CIPAN), ici de la moutarde.
Les résultats montrent que, dans la couche supérieure du sol, les teneurs en carbone organique dissous sont plus élevées avec le digestat qu’avec le lisier, avec une modulation selon le développement des cultures. Le transfert de ce carbone vers les horizons plus profonds est également plus important avec le digestat, notamment sous CIPAN. Les flux mesurés avec le lisier et l’engrais minéral sont similaires.
Cette dynamique pourrait s’expliquer par une action conjointe du digestat, qui favorise l’activité des racines et la libération de composés dans le sol, et de la CIPAN, dont l’absorption des nitrates pourrait modifier localement le pH du sol et permettre la remise en circulation de molécules organiques jusque-là peu disponibles.
En s’appuyant sur un dispositif de référence et un suivi à long terme, cette étude confirme l’intérêt agronomique du couplage digestats/cultures intermédiaires.
Elle s’inscrit pleinement dans les objectifs de la transition agroécologique, en favorisant des systèmes agricoles autonomes, durables et résilients.