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Faits marquants

Vigne et canicule : exploration de la résistance des cépages aux extrêmes climatiques

Thématique : Transitions des systèmes agricoles : produire autrement

Production végétale : s'engager vers des pratiques zéro-pesticides et optimisées

Année de parution : 2024

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Contact(s) : Florent Pantin
florent.pantin@institut-agro.fr

Vigne

Le 28 juin 2019, une température record de 46,0 °C à l’ombre a été enregistrée à Vérargues, dans l’Hérault.
Cette chaleur exceptionnelle, provoquée par une masse d’air brûlant venue du Sahara, a touché une expérimentation menée à quelques kilomètres de là, sur le vignoble expérimental Pierre Galet à Montpellier. Plus de 250 cépages de vigne y étaient cultivés en pot par des scientifiques de l’Institut Agro et d’INRAE.

Cette situation extrême a offert une occasion unique d’évaluer « grandeur nature » comment les différents cépages réagissent à des températures très élevées.
Quelques heures après le pic de chaleur, les chercheurs ont constaté que certaines feuilles de vigne avaient littéralement brûlé. D’après leurs simulations, la température de surface des feuilles les plus exposées avait atteint près de 54 °C, soit bien au-delà de la limite thermique viable pour de nombreuses plantes.

Mais tous les cépages n’ont pas réagi de la même manière : certains ont été gravement atteints, tandis que d’autres sont restés indemnes. Pour comprendre ces différences, les chercheurs ont croisé les symptômes observés avec les données génétiques disponibles sur les cépages.

Cette approche, appelée « génétique d’association », leur a permis d’identifier six régions du génome impliquées dans la réponse au stress thermique.

Ces régions contiennent notamment des gènes liés à la gestion du stress oxydatif et à la réponse interne de la plante à la chaleur. En revanche, les gènes liés à la transpiration, qui pourrait avoir abaissé la température de surface des feuilles, de près de 5 °C n’ont étonnamment pas été mis en évidence.

Cette absence pourrait s’expliquer par un compromis entre le besoin en eau pour refroidir la plante et la faible disponibilité en eau dans le sol lors des canicules. En effet, ces événements extrêmes sont souvent associés à des périodes de sécheresse, ce qui rend la gestion de l’eau tout aussi cruciale que le contrôle de la température pour protéger la plante.

Avec le changement climatique, les vagues de chaleur vont devenir plus fréquentes et plus intenses.
Cette expérimentation a permis d’explorer le potentiel génétique de la vigne pour y faire face. Ces résultats ouvrent la voie à des progrès majeurs dans l’amélioration variétale de la vigne, à combiner avec d’autres leviers agronomiques (gestion de l’irrigation, mode de conduite, enherbement) pour mieux adapter les cultures aux conditions climatiques futures.

Chiffres clés

480cadres scientifiques

13unités de recherche dont 11 UMR

8écoles doctorales

3instituts Carnot

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